Les dentelles

Comment ne pas tomber sous le charme de cette matière ?

En faisant mes recherches pour cet article, je suis tombée sur un vieux bouquin d’Histoire, Histoire de la dentelle de François Fertiault, écrit en 1843. Il parle de la dentelle avec le romantisme de son époque. Sa démarche historique est très intéressante. Il pensait qu’en faisant l’histoire de la dentelle il raconterait l’histoire de l’industrie et de toutes ces petites mains qui ont fabriqué ce tissu luxueux. Faire une histoire du textile alors que ses contemporains s’intéressaient principalement à celle de la guerre et de l’armement n’était pas une mince affaire. La démarche de Fertiault indique donc un intérêt nouveau de la société pour ces textiles de qualité en pleine Révolution industrielle.

Dans l’extrait sous le titre de ce présent article, l’auteur met beaucoup de poésie dans ses mots. Je me suis sentie très concernée par ceux-ci. La dentelle est ce qui m’a fait plonger dans la couture. J’étais – et je suis – fascinée par ces motifs ton sur ton, par cette délicatesse et apparente fragilité du tissu. Ce sont aussi les préparatifs du mariage qui m’ont poussée à écrire cet article. Je ne pouvais pas imaginer une seule seconde mon mariage sans dentelle. J’ai donc plongé dans un univers plutôt mystérieux où le savoir-faire est bien protégé.

Cette étoffe est porteuse de message fort. Ainsi, elle sera toujours porté dans un but précis, pour souligner la délicatesse, la sensualité ou encore la force d’une personne.

L’origine de la dentelle est encore assez méconnue. Elle serait apparue entre le XVème et le XVIème siècle, très probablement dans le Nord de l’Italie.

Il existe différents types de dentelle, tissées différemment : les dentelles à aiguilles, au fuseau, mécanique, leavers et chimique… Cela fait un paquet de dentelles ! Ces différents procédés de fabrication vont donner des dentelles plus ou moins fines et d’aspects différents. C’est donc un plaisir de travailler ce matériau qui semble unique pour chaque pièce !

Je craque totalement sur les dentelles de Calais-Caudry. En effet elles ont un style inimitable et sont d’ailleurs sur tous les défilés ainsi que sur les robes de mariées célèbres.

L’histoire de cette dentelle ne commence pas en France mais de l’autre côté du détroit du Pas-De-Calais, en Angleterre.

Au début du XIXème siècle, John Leavers, artisan britannique, met au point un métier à tisser le tulle. Machine révolutionnaire, elle connait un succès rapide outre-manche. Attisant la convoitise des français qui ne pouvaient pas se la procurer légalement (pas encore d’accord de libre-échange avec les anglais, il faudra attendre 1860), ce métier à tisser arrive sur les côtes du Nord-Pas-de-Calais de manière illégale en tant que marchandise de contrebande.

Plus tard, les dentelles de Calais-Caudry vont naître de la rencontre entre les métiers Leavers et Jacquard (voir mon article La petite robe bleue). En fait, ils vont ajouter au système leavers le système jacquard et ainsi permettre de tisser des formes sur le tulle, et par la même occasion rendre la dentelle plus solide.

Les dentelles de Calais-Caudry sont principalement faites en coton, avec un fond en tulle. Elles se caractérisent par des motifs floraux et végétaux.

Aujourd’hui, on trouve des dentelles de toutes les couleurs bien que la majorité des dentelles soient blanches ou noires.

Cette dentelle fabriquée sur les métiers à tisser Leavers ont un label, le label Dentelle de Calais-Caudry. Ce label est à la fois un marqueur géographique fort mais aussi un gage de la qualité de fabrication par les techniques utilisées.

Elles sont toutes fabriquées dans le Nord de la France, à Calais ou à Caudry. C’est un savoir-faire précieusement gardé. De plus, certaines fabriques vendent aux particuliers et font même visiter leurs usines. C’est le cas de la maison Jean Bracq à Caudry auprès de laquelle je me suis déjà approvisionné. Cette maison est tenue par des personnes adorables, à l’écoute et très professionnelles. Ils m’ont communiqué leur passion pour la dentelle et ses secrets de fabrication.

Une des maisons dentellières connue est la maison Jean Bracq – je vous en parle un peu plus haut.

Ils travaillent avec des nombreux créateurs, comme Sylvie Facon qui retrace l’histoire du Pas-de-Calais à travers des robes qui sont de réelles oeuvres d’art. Ils travaillent aussi régulièrement avec la maison Dior. A titre d’exemple, les costumes régionaux des 3 dernières Miss Nord-Pas-De-Calais élue Miss France ont été réalisé par la maison Jean Bracq.

Autre maison dentellière très en vogue, la maison Solstiss. Ce sont eux qui ont fourni les dentelles du derniers défilé haute couture Printemps-Eté 2021 de Chanel. Jean-Bracq et Solstiss sont toutes deux basées à Caudry.

Les dentelles de Calais et de Caudry ont aussi été mises en valeur dans le prêt-à-porter ces derniers mois avec la marque Pommpoire. En effet, cette dernière dispose de toute une capsule de lingerie en dentelle de Calais-Caudry.